A Paris, panique sur les pistes cyclables.
Entre mai et septembre 2020, le flux de cyclistes a augmenté de 70% d’après l’association Vélo et Territoires, entrainant de nombreux conflits sur les pistes.
Paris, 8h30, heure de pointe sur le boulevard Sébastopol, l’heure des premiers embouteillages. Non plus de voitures, mais de vélos qui déboulent en nuée sous les yeux consternés du commandant de gendarmerie Gilles Gravet. « Et voila, ça s’installe tranquillement 10 mètres après le feu rouge« , peste sous son masque le chef de la compagnie de police routière. En ce matin frisquet comme un premier jour d’automne, la préfecture de police a déployé une dizaine d’agents aux quatre coins du stratégique carrefour avec la rue de Turbigo.
Sur cette piste bidirectionnelle, une « autoroute » à vélos clé du nouveau réseau parisien qui peut enregistrer jusqu’à 18.000 passages quotidien, le flux matinal est chaotique. Les contrevenants sont nombreux. Les agents sifflent, agitent les bras, mais ne peuvent pas tous les arrêter. Les amendes tombent à la chaine: entre 90 et 135 euros, principalement pour franchissement d’un feu rouge et surtout pour le « classique » port des écouteurs, défendu par les adeptes du trajet en musique mais considéré comme gravement accidentogène.
« Ces gardiens de la paix ont estimé que je ne protégeais pas la paix, qu’ils la protégeaient mieux que moi en m’empêchant de porter mes oreillettes« , s’offusque perché sur son élégant vélo de ville un contrevenant, qui comme beaucoup ce matin-là, fait preuve d’un mélange d’étonnement et de mauvaise foi à son premier contrôle en tant que cycliste.
« Beaucoup ont oublié qu’ils dépendent du code de la route, ils se sentent dégagés de certaines obligations« , regrette le commandant Gravet. Selon son équipe, « les infractions » mais aussi « le manque de respect » montent en puissance sur les pistes cyclables.
Conflits d’usage
Nouveauté de cette rentrée, pour les cyclistes, qui ont longtemps bataillé contre les embardés des bus, scooter, et autres motorisés pour s’affirmer dans l’espace public parisien, l’ennemi vient aussi désormais de l’intérieur… de la piste cyclable. Selon l’association Vélo et Territoires, entre mai et septembre 2020, la fréquentation cyclable a progressé de 72% à Paris. La politique pro-vélo de la maire de Paris, Anne Hidalgo, a culminé en mai avec le lancement des 50 km de « coronapistes » qui viennent sceller un maillage déjà dense d’axes nouvellement dédiés.
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